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hoax Canard caneton canardier

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[Les mots de la presse 5/6] . Le cocasse surnom attribué aux journaux trouve ses origines dans une expression qui n’a rien à voir avec l’animal…
publié le 25 août 2011 à 0h00

Le mot «canard» qui désigne aujourd'hui n'importe quel journal, n'a pas toujours eu ce capital cocasse et chaleureux. Son origine ne doit rien au palmipède dandinant baptisé ainsi depuis le XIIIe siècle. Péjorative, elle remonterait plutôt à l'expression «bailler un canard à moitié», autrement dit raconter un mensonge, faire des promesses impossibles à tenir. C'est dans ce sens-là que l'utilise, dès 1584, l'écrivain François d'Ambroise dans sa comédie les Néapolitaines. La tournure elle-même viendrait de l'ancien français «caner», caqueter, qui a aussi produit «cancan». On se rapproche… Le Dictionnaire de Furetière confirme en 1690 : «On dit proverbialement, donner des canards à quelqu'un, pour dire, luy en faire accroire, ne luy pas tenir ce qu'on luy avoit promis, tromper son attente.» Les ragots déforment la vérité, constate encore Mérimée dans une lettre à la comtesse de Montijo (1870). «Mme X. m'avait annoncé le mariage de Sabine, mais il paraît que c'est un canard.»

Du coup, avec la presse, dès 1750, notre canard bobard évolue vers la version écrite du récit mensonger, insérée dans un journal. On brûle. «Le canard est une nouvelle quelque fois vraie, toujours exagérée, souvent fausse. Ce sont les détails d'un horrible assassinat, illustrés parfois de gravures en bois d'un style naïf ; c'est un désastre, un phénomène, une aventure extraordinaire : on paie cinq centimes et l'on est volé», définit ainsi Gérard de Ner