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Le cercle des «phrères» disparus

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[Bandes à part] . Tout l’été, «Libération» baguenaude dans des groupes à la marge. Aujourd’hui, «le Grand jeu», groupe littéraire de jeunes Rémois des années 20.
publié le 25 août 2011 à 0h00

Percer le mystère de l’étincelle qui réunit ces quatre-là dans les années 20 à Reims relève a priori de la gageure. La trajectoire de trois de la bande fut exceptionnelle : deux poètes et un écrivain. Mais les réduire à leur postérité paraît bien plat à l’aune de leur vie et de leur mort. «Le Grand jeu», le mouvement qui en découla, fut une boule de feu. Les «simplistes» en furent le noyau. Ce ne fut pas un simple jeu. Il ne dura que le temps d’une passion, mais il frappe par sa fulgurance. Leur aventure intérieure, précoce et radicale, fait encore frémir.

Au début, quatre «R» : Roger Lecomte, René Daumal, Roger Vailland et Robert Meyrat. Quatre adolescents fraternisent au lycée des Bons-Enfants, à «Reims-la-tarte» comme la baptisait le premier. La ville à moitié détruite par la Première Guerre mondiale représente un beau terrain de jeu pour une bande de jeunes en goguette.

En 1921, Roger Lecomte et Roger Vailland avaient fondé Apollo, une revue ronéotypée avec leurs premiers poèmes. Les compères accueillent illico René Daumal, un an plus jeune, féru de poésie, dont le père précepteur vient d'être muté dans la ville. Le petit nouveau, chétif et pince-sans-rire, arrive au cours de la seconde, en 1923. L'année suivante, les quatre joyeux condisciples créent le patronage de Saint-Pliste. Les «simplistes» se donnent chacun un nom, reflet de leur nature : le beau dandy Lecomte sera «Rog-Jarl» ou l'aristocratique «Coco de colchyde» ; Meyrat l'inquiétant sera «la St