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Bonnot, et sa bande anar

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[Bandes à part] . Tout l’été, «Libération» a baguenaudé dans des groupes à la marge. Aujourd’hui, dernière étape : les «bandits tragiques» qui sévirent à la Belle Epoque.
publié le 26 août 2011 à 0h00

Quand il quitte en janvier 1917 la centrale de Melun où il vient de purger sa peine, l’ancien détenu, que les autorités françaises expulsent vers l’Espagne, ne s’appelle pas encore Victor Serge. Il est Victor Kibaltchiche, fils d’émigrés politiques russes, et apatride quoique né à Bruxelles. Incarcéré pendant cinq ans, il a manqué la grande boucherie que fut la Première Guerre mondiale. De Barcelone, il se précipitera à Saint-Pétersbourg pour ne pas rater l’autre événement fondamental de ce début de siècle, la Révolution russe dont il devint l’acteur, l’apologue puis le plus précoce des critiques.

Mais, en cette année 1913, ce témoin de la révolution, lui-même révolutionnaire et plus tard écrivain, n’est pas poursuivi pour avoir professé le changement social, ou l’anarchie, dont il est alors un des hérauts. Il se retrouve sur les bancs de la justice comme membre présumé de la bande à Jules Bonnot, ce gang mythique faisant profession d’anarchisme qui donna naissance à de nombreux livres, films et chansons.

Crimes et foi politique

En 1968, le très populaire Joe Dassin remet au goût du jour les exploits de Bonnot et de ses amis : «En casquette à visière, les bandits en auto / C'était la bande à Bonnot […] / Mais un beau matin la police / Encercla la maison de Jules Bonnot / A Choisy […] / Tout Paris arriva à pied, en tram et en train / Avec des fusils, des pistolets et des gourdins […] / Alors pour la dernière course / On mit dans le fourgon la bande à Bonnot.» Il faisait d'eux le pendant franç