«Ici, c'est l'enfer» : Wolfgang Beltracchi crânait encore à l'ouverture de son procès au tribunal correctionnel de Cologne. Il risque dix ans de prison pour avoir alimenté pendant une décennie le marché de l'art mondial en fausses peintures modernes.
Des stars américaines, de riches collectionneurs européens, des galeries, experts et consultants français, le numéro 1 des enchères, Christie’s New York, et le leader du secteur en Allemagne, Lempertz : ce procès monstre, prévu pour s’étaler en quarante sessions sur six mois, va éclabousser beaucoup de monde. 160 témoins sont cités, et les enquêteurs escomptent des révélations sur des mystères non élucidés. Au banc des accusés, une famille allemande. Deux sœurs blondes, Helene et Jeanette Spurzem, alléchaient les amateurs en présentant une collection héritée de leur grand-père, Werner Jäger, cachée quand les nazis ont mis au ban «l’art dégénéré». Wolfgang Beltracchi, époux d’Helene, prétendait que les œuvres venaient de son propre grand-père. Leur ami Otto Schulte-Kellinghaus les a rejoints dans le box.
Pigments. Les faussaires avaient l'intelligence d'imiter des œuvres disparues dans l'histoire tragique de l'Allemagne, ce qui donnait un vernis de vraisemblance à leur origine. Le grand historien de l'art Werner Spies, qui s'est dit dupé par des pastiches de très bonne qualité, a produit des certificats d'authenticité pour plusieurs tableaux prétendument de Max Ernst, le grand maître du surréalisme, dont i