Que nous apprennent sur nous-mêmes les catastrophes naturelles ? Que nous disent-elles du pauvre cœur des hommes ? De leur vie intime, en société ? La planète étant désormais réduite à l'état de peau de chagrin par la vitesse, l'effet de serre, la colère des imbéciles et autres phénomènes déplaisants et grégaires, plusieurs films évoquent cette question. Ce n'est pas nouveau. Le tremblement de terre à la fin de Short Cuts, de Robert Altman, semblait informer et conclure le destin des personnages, de même que la pluie de grenouilles - un classique visuel de fin du monde - couronnant Magnolia, de Paul Thomas Anderson. Mais l'ironie propre à ces œuvres, leur sens de l'absurde, semble avoir laissé place à un sentimentalisme terrifié. Terrence Malick l'oriente vers un panthéisme rousseauiste, la beauté de la nature révélant à l'homme sa misère et sa violence. Le film de Lars von Trier, Melancholia, fait enfler la poire d'angoisse. Sa seconde partie lie la fin du monde à la panique dépressive des deux sœurs réunies dans un château. La métaphore est très belle, très simple. La plus folle des sœurs se calme à l'orée du désastre : son destin névrotique s'accomplit dans le choc irréversible - quoique scientifiquement improbable - de la planète Melancholia et de la Terre. Wagnérienne, Kirsten Dunst communie par leur destruction avec les éléments telluriques : une Walkyrie aphone de la catastrophe. Peut-être rêve-t-elle cette fin du monde, peut-être pas. Peut-
TRIBUNE
«Melancholia» ou le nouveau romantisme maniaco-dépressif
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par Philippe Lançon
publié le 16 septembre 2011 à 0h00
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