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grand angle

«11 Septembre», la cité joue le choc

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Durant plus d’un an, 44 lycéens de Seine-Saint-Denis ont travaillé la pièce de Michel Vinaver. «Libération» les a suivis, depuis les répétitions jusqu’au triomphe à Paris.
publié le 26 septembre 2011 à 0h00

Dans la salle comble du Théâtre de la Ville à Paris, tout petit dans son fauteuil, un vieux monsieur de 84 ans est ému aux larmes. «Je n'ai jamais connu ça», souffle Michel Vinaver. Depuis de longues minutes déjà, le public applaudit, debout, les 44 gamins qui viennent de jouer sa pièce à la perfection. 11 septembre 2001, un titre simple pour une œuvre calée sur ce jour, il y a dix ans exactement, où «le monde a basculé». Arnaud Meunier, le metteur en scène, a été «bluffé». Autant que Frédéric Mitterrand. Après le triomphe, dans les loges, le ministre de la Culture a félicité la brochette de lycéens pour «la performance la plus fantastique qu'il [lui] a été donné de voir». En face, iPhone et Blackberry en mode vidéo, la bande savoure. La joie est celle de ceux qui ont appris à se faire confiance.

Une heure avant, lever de rideau. Noir. On cherche un repère, des silhouettes familières. Là une capuche, ici un jogging, des baskets : le kit du parfait banlieusard, l'image du «jeune» qui habite le mauvais côté du périph. Quarante-quatre paires d'yeux mitraillent le public. Premier avertissement. Le second, c'est la séance de déshabillage expresse. En deux minutes, les «cailleras» se transforment en traders, la casquette tombe pour le costard, les filles se dévoilent en tailleur jupe et talons hauts. Sous les clichés, la classe. Et plus d'un an de travail dans ce théâtre d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) qui les a vus