De retour de Seattle après un détour par Buenos Aires, Angélica Liddell était, mardi soir, au théâtre de Bayonne pour une représentation de Te Haré Invencible con mi Derrota, performance extrême en hommage à la violoncelliste Jacqueline Du Pré. L'auteure, metteur en scène et actrice espagnole, qui présentera deux spectacles à Paris en janvier, est l'une des figures du festival les Translatines de Bayonne, qui se tient jusqu'à samedi et fête ses 30 ans.
Avec des moyens modestes et une opiniâtreté certaine, portées par le théâtre des Chimères, compagnie locale, les Translatines, qui ont adopté un rythme biennal en 2007, se veulent une fenêtre ouverte sur la création contemporaine d’Espagne et d’Amérique latine. Après une édition 2009 aux accents argentins, c’est le Chili qui est à l’honneur cette année, avec notamment trois spectacles signés de metteurs en scène de moins de 40 ans.
Plus de vingt ans après la fin de la dictature, la mémoire des années Pinochet constitue toujours un thème majeur du théâtre comme du cinéma chilien (cf. Post Mortem, le beau film glaçant de Pablo Larraín). Les pièces présentées à Bayonne abordent la question de façons différentes. Dans Afasia, los Olvidados de la Dictadura (Aphasie, les oubliés de la dictature), une banale scène de ménage autour d'une ampoule à changer est le prétexte d'une vraie plongée dans le noir : les protagonistes ont tous deux été marqués à jamais par l'arrestation et la disparition de leurs parents,