Quelques semaines avant sa fatale crise cardiaque du 23 juin 1959, Boris Vian participait au tournage des Liaisons dangereuses 1960 de Roger Vadim, où son personnage de Prévan a trois répliques. Chacune contient le mot cœur. Les tout derniers mots de Vian à l'écran sont «par cœur». Réponse à la question : «Vous connaissez le chemin de la sortie ?»
C’est Anne Mary, commissaire de l’exposition Vian à la Bibliothèque nationale de France, qui nous signale ces curiosités. Elle dévoile un Vian intime avec des documents récemment légués par la famille.
Agité. Après le cinquantenaire de sa mort, commémorée en 2009, puis l'an dernier la parution dans la Pléiade de son œuvre romanesque, c'est l'institution du quai Mauriac qui explore les multiples facettes de cet être à la fois timide et extraverti, dont on oublie souvent que sa notoriété comme écrivain fut posthume. «C'est vraiment l'homme le plus discret que j'aie jamais rencontré», a confié l'interprète principale des chansons de Boris Vian, Magali Noël, à Anne Mary. Quand il meurt à 39 ans, Boris Vian n'est guère plus qu'un personnage de l'air du temps, vaguement scandaleux, ancien agité du Tabou et autres antres de Saint-Germain-des-Prés. L'originalité de ses écrits n'apparaîtra vraiment qu'avec leurs rééditions dans les années 60. L'introduction de l'Arrache-Cœur et de l'Ecume des jours dans les programmes scolaires des années 70 rediffusera un petit parfum de scandale.