Réalisatrice, fille d'un ex-dirigeant du parti communiste tunisien, Nadia El Fani est installée en France depuis dix ans. Son dernier film «Ni Allah, ni maître», traite de la place de la religion dans la société tunisienne. Engagée pour la cause des femmes, athée, elle est menacée de mort dans son pays.
Que pensez-vous du combat d'Aliaa Almahdy, la militante égyptienne qui a posté des photos d'elle nue sur son blog? Je trouve ça formidable! J'aimerais qu'on fasse tout un mouvement de femmes qui se dénudent, se prennent en photo et mettent ça en profil sur Face Book! L'enjeu aujourd'hui, dans les pays arabes, mais aussi dans le monde entier, c'est le corps des femmes. Pour cette militante, c'est une façon de crier sa liberté et d'exprimer le pouvoir qu'elle a son corps: « il est à moi, j'en fais ce que je veux! » Il faut prendre des risques. Les artistes sont là pour poser des actes qui font réfléchir. Elle ne le fait pas pour se balader nue dans la rue, revendiquer le naturisme en Egypte. C'est un acte artistique et politique; elle l'a dit: son acte dénonce l'obscurantisme.
Etait-ce son seul moyen de revendiquer? Non, il y a plein de moyens d'expression. Moi, je suis cinéaste. Et dans mes films, j'ai toujours présenté des femmes libres, émancipées et affranchies de l'oppression sociale, comme si tout était naturel. C'est une façon de lutter pour le féminisme.
Le Printemps arabe a-t-il fait avancer la cause des femmes