Cela fait longtemps que le centre Pompidou n'a pas réussi une exposition aussi riche. Pour retracer l'entremêlement de la danse et des arts au XXe siècle, Emma Lavigne et Christine Macel ont ordonnancé un parcours très clair, tout en le faisant vivre de performances (lire ci-contre), de la musique, du cinéma et de la vidéo, de la peinture, de la sculpture et du théâtre, dont les vibrations accordées se répercutent de salle en salle.
Il serait excessif de dire que le renouveau de la danse introduit au XIXe s'est retrouvé à l'origine de l'art moderne, mais l'exposition «Danser sa vie» met bien en valeur sa place dans une période dont l'obsession s'appelait le mouvement. Certains cartels auraient gagné à être plus précis, et la typo plus lisible : bravo à celui qui aura pu voir que le court métrage de 1924 de René Clair, Entr'acte, a été réalisé sur un scénario de Picabia et une musique de Satie. Mais cette réserve posée, l'expo restera comme une des grandes heures du centre Pompidou, un exemple de manifestation «totale».
Primitif. La rencontre avec la danse, dont le foyer se situait dans la Mitteleuropa cosmopolite, a été pleinement assumée par des artistes aussi divers que Matisse, Rodin, Derain, Sonia Delaunay, Nolde, Kirchner ou Depero. Des épisodes cruciaux comme le Cabaret Voltaire à Zurich, où Sophie Taeuber créait ses danses en costumes abstraits ; le Bauhaus en Allemagne, spectaculairement présenté ici, où Schlemme