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Libération
TRIBUNE

Redonner à la cité le temps du spectacle

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par Michel Orier, Directeur de la maison de la culture de Grenoble
publié le 15 décembre 2011 à 0h00

«Zara, c'est l'histoire d'une petite boutique qui compte plus de 3 000 magasins dans plus de 30 pays. Sa puissance tient à une idée : le renouvellement permanent, comme il y avait jadis la révolution permanente. Il faut accélérer le rythme de rotation des collections, s'adapter au plus vite aux nouvelles tendances et exigences des consommateurs - je veux ce que je vois […] et immédiatement. Il faut produire peu de pièces, 10 000 ou 15 000 au maximum. Il faut, comme l'assume crûment un dirigeant de Zara, créer un climat de pénurie pour déclencher l'acte d'achat.» (Gilles Filchenstein, la Dictature de l'urgence.)

Prenez la plaquette de saison de n’importe quel théâtre subventionné, regardez les modalités d’accès. La collection des spectacles de chaque année y est présentée au plus juste du taux de remplissage, à peine de quoi servir les publics fidélisés qui s’y rueront dès l’ouverture des guichets pour ramener le nombre de sésames nécessaires à l’accès aux représentations. Là où ils venaient trois ou quatre fois par saison, ils y viendront plus d’une dizaine de fois. La baisse des subventions (et de façon plus précise de l’écart artistique) impose des taux de remplissage stratosphériques, on joue moins souvent et si le taux frise les 100% on fait moins de public et surtout moins de public nouveau ou différent mais l’apparence et les budgets sont saufs, ce qui n’est pas rien. Bercy a même, avec l’accord du ministère de la Culture, inscrit le taux de remplissag