Dans l’exposition que le musée Tinguely vient de consacrer à Bâle au fétichisme de la voiture, les constructions verticales de John Chamberlain frappaient par leur distinction colorée. Rigolard moustachu et chapeauté, l’Américain préparait pour fin février sa seconde rétrospective au Guggenheim. Il est décédé mercredi à 84 ans, à New York.
Il n’aimait pas être appelé «sculpteur», il pourrait être rapproché du Nouveau Réalisme, dont le représentant en voiture s’appelait César, mais tout en lui l’affiliait à l’expressionnisme abstrait, qu’il modelait dans l’espace.
Il avait fait les 400 coups à Greenwich Village, séance de bourre pif avec flics incluse, en compagnie de Kline et de Kooning. Le premier, disait-il, lui avait donné «la structure», le second «la couleur», avec Van Gogh en fond. En 1957, il assemblait des morceaux d'une Ford 1929. Il n'a cessé depuis de travailler ces bouts de métal, ajoutant de la couleur au besoin, tout en essayant le polystyrène, la feuille d'aluminium, le sac en papier… Le saxo, la picole, le film underground (The Secret Life of Hernando Cortez en 1968 avec deux superstars de la Factory)… La voiture démolie ? Cela l'énervait d'être renvoyé au concept fumeux ou à l'inertie du matériau. «Michel-Ange avait plein de marbre, moi j'ai cela.»
D'origine modeste, il évoquait aussi le fort rôle de la sexualité et de l'instinct dans sa création, réfutant l'émotion et l'intellect. Pour le plasticien et théoricien Donald Judd