Fra Angelico, auquel le musée Jacquemart-André, à Paris, consacre sa première rétrospective en France, est une énigme à plus d'un titre. Il est l'un des artistes de la Renaissance dont les attributions ont été le plus discutées, presque toutes les peintures présentées ici en attestent. Sur la cinquantaine d'œuvres accrochées, une bonne moitié est à peu près reconnue aujourd'hui comme de sa main, les autres se répartissant entre des élèves, des collaborateurs ou simplement des contemporains. Les recherches ont été amplement relancées récemment, marquées notamment par la grande exposition de Rome, il y a deux ans. Même le magistral Couronnement de la Vierge, procuré par les Offices de Florence pour l'occasion, a été discuté. Le musée a obtenu d'autres beaux prêts, notamment du monastère Saint-Marc, toujours à Florence, dont Fra Angelico a conduit la décoration avec son atelier.
Fondamentalement, se trouvant à la bascule du gothique et de la Renaissance, dont il mêle les apports, il gêne une histoire de l’art qui aime bien les découpes. Sa simplicité est trompeuse. En fait, Angelico apparaît en avance sur sa génération, ou même ses cadets. C’est un des signes envoyés par l’exposition, une des meilleures et des plus concentrées qu’ait réussies Jacquemart-André ces dernières années. Le public, qui piétine au minimum une demi-heure devant le musée (avec billets pré-achetés), ne s’y trompe pas.
Suavité. Il s'appelait Guido di Pietro. Ce surnom de «frère l'an