Sous le chapiteau Romanès, l'entrée se fait presque sur la scène. A peine a-t-il pénétré dans le cocon chaud que le spectacteur est accueilli à bras ouverts par Délia «la tigresse». Madame Romanès évolue derrière la caisse, sourire plantureux toutes dents dehors, capable d'aspirer dans son giron bien plus que la jauge ne semble contenir. En prime de l'entrée dans ce petit paradis tsigane chamarré et indubitablement exotique, une table propose des piles de la «blanche» de Gallimard. Monsieur, ancien dompteur, «luthiste de musique baroque» et Loyal, est aussi un poète qui fut l'ami de Jean Genet. Son dernier opus tout frais sorti des presses s'intitule Un peuple de promeneurs, préfacé par Jean Grosjean. Une mine pour les gadjé (les non-gitans) sur l'univers tsigane. Et sur les Romanès. «Dans le cirque de mes parents,/ J'avais un numéro avec des fauves./ Mon oncle Joseph Romanès a tout fait/ Pour que je me fasse dévorer par mes lions.» Bienvenue au cirque Romanès. Redoutable, enveloppant.
Messieurs, mesdames, Délia et Alexandre, «responsables du seul cirque tsigane en Europe», vous présentent leur nouveau spectacle, la Reine des gitans et des chats, dédié à leur petite dernière. Guère de félins dans les parages - le spécimen vient quand ça lui chante -, ni d'autres grosses bêtes à poils. Seul un gallinacé fait le beau sur la fenêtre de la caravane. Quant à la progéniture, à voir le juvénile phénomène évoluer sur le grand tapis, acroba