C'était en 2010 au festival d'Aix-en-Provence, dans les Bouches-du-Rhône. On se rendait à la création mondiale d'El Regreso, d'Oscar Strasnoy en traînant les pieds pour ressortir conquis par la verve rythmique bartókienne et stravinskienne, et la transformation permanente du matériau évoquant Ligeti.
Affranchi de toute école, le langage de ce compositeur argentin - né en 1970 et formé à Paris par Michaël Levinas et Gérard Grisey - intégrait aussi bien un mode de Messiaen, un alliage sonore de Britten ou Bério, que le madrigal monteverdien. Privilégiant le fragment, l’éclat et la circulation des timbres sur tout développement thématique, son écriture instrumentale et vocale était inventive, raffinée et sensuelle.
Truculence. Avec Cachafaz, d'après Copi, présenté peu après à l'Opéra-Comique, on déchantait : malgré une truculence rossinienne notable, Strasnoy poussait l'art postmoderne de la citation un peu loin à notre goût.
La 22e edition du festival Présences de Radio France qui l'a mis en tête d'affiche est l'occasion de faire un point en quatorze concerts, six créations mondiales et une création française, celle du Bal, d'après le roman d'Irène Némirovsky, qui a ouvert le festival vendredi.
Commande de l'Opéra de Hambourg, qui l'a créé en 2010, c'est le premier ouvrage lyrique de Strasnoy, qui l'a composé avant El Regreso et Cachafaz. Un «grand opéra» à mettre en regard avec Geschichte, opérette