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Libération

Salman Rushdie, non grata au Rajasthan

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Visa . A l’approche des élections, un festival littéraire joue la prudence face aux islamistes du nord de l’Inde.
publié le 18 janvier 2012 à 0h00

Viendra, viendra pas ? A trois jours de l'ouverture du festival littéraire de Jaipur, en Inde, le suspense culmine. Alors que Salman Rushdie devait figurer parmi les invités de cette sixième édition, l'écrivain britannique d'origine indienne est à nouveau rattrapé par ses démons : la semaine dernière, l'influente université islamique Darul Uloom Deoband, dans le nord de l'Inde, a demandé au gouvernement de ne pas lui accorder de visa en raison de ses «écrits blasphématoires». Allusion aux Versets sataniques qui, publiés en 1988, avaient valu à l'auteur une célèbre fatwa de l'ayatollah Khomeiny réclamant son exécution. «En cas d'absence de réponse du gouvernement, Darul Uloom Deoband mènera les actions appropriées», a ajouté le vice-chancelier de l'institution, Maulana Abul Nomani.

Ce n’est pas la première fois que le lauréat du Man Booker Prize est montré du doigt dans son pays d’origine : chacune ou presque de ses visites est précédée de déclarations menaçantes. L’Inde fut d’ailleurs le premier pays au monde à interdire l’ouvrage - un diktat qui reste toujours en vigueur. Mais cette fois-ci, l’appel au boycott a été repris en chœur par plusieurs responsables et partis politiques. Motif (inavoué) : le plus grand Etat du pays, l’Uttar Pradesh (200 millions d’habitants) vote à la fin du mois et, dans cette région, le vote musulman est susceptible de faire la différence : aucun parti ne veut risquer de froisser 17% de l’électorat.

Comme pour souligner l