Jour de première à la Comédie-Française. La ruche a repris ses droits. Ce soir, on donne la dernière création d'Alain Françon, la Trilogie de la villégiature de Goldoni, qui entre au répertoire. Le texte dépeint la fin d'une société, la fresque d'une bourgeoisie en crise financière et morale, craintive du qu'en-dira-t-on. «Abandonner la villégiature ? On voit bien que vous êtes un homme de peu. Il n'a qu'à restreindre les dépenses de la maison, diminuer le nombre de domestiques, baisser leurs salaires, s'habiller plus simplement. Mais on ne touche pas à la villégiature ; elle doit être aussi digne de nous, aussi luxueuse et aussi élégante que d'habitude», oppose Vittoria à Paolo.
Les premières représentations devaient se jouer la semaine dernière. Dans un moment historique pour la maison, la pièce de Goldoni inaugurait l’ouverture du Théâtre éphémère, élégante salle en bois édifiée dans les jardins du Palais-Royal, le bâtiment principal étant en travaux pour un an.
Dans ce tempo important pour la maison, un mouvement social a surgi en son sein. Un grand classique, analyse un familier des lieux : «Cela se joue rituellement, à chaque fois que le personnel veut faire pression sur la Société ou la tutelle, il choisit un moment symbolique.» Quoi de plus charnière qu'une migration temporaire avec le baptême d'une scène ? Quoi de plus tentant que de profiter de l'exposition financière (coût des travaux : 12,6 millions d'euros, dont 3,5 pour le Théâtre éphém