Il disait n’être ni seigneur ni vassal. Et, de fait, André Green s’est détourné du rôle de «maître à penser» surtout soucieux de transmettre et d’imposer sa pensée en héritage sacré (aussi n’y a-t-il pas de «greeniens», comme il y a des lacaniens) et a refusé d’être un «suiveur», thuriféraire et répétiteur de la parole de Freud. C’était un penseur austère, intransigeant, entièrement pris par sa pratique et ses recherches - de la clinique à la critique littéraire - insensible au brouhaha des polémiques publiques et des guerres de clans. André Green a été l’un des plus grands psychanalystes du siècle, la dernière grande figure de la «saison historique» de la psychanalyse française, dont Jacques Lacan fut le label. Il est mort dimanche à 84 ans.
Séminaires. Né au Caire en 1927, de mère portugaise et de père espagnol, il arrive en France en 1946, à Paris, où, d'abord, il connaît une douloureuse période d'isolement, et la difficulté d'obtenir sa naturalisation. La Faculté le sauve. Il devient docteur en médecine (1952), puis, à l'hôpital Sainte-Anne, sous la direction de Henri Ey, se spécialise en psychiatrie. C'est son ami Guy Rosolato qui l'initie à la psychanalyse et l'incite à suivre les séminaires de Lacan. Dans l'institution, Green aura une belle carrière : professeur à la Freud Memorial Chair (University College, Londres), il sera membre de la Société de psychanalyse de Paris, puis, après la rupture avec Lacan, directeur de l'Institut de psychanalyse de Par