Menu
Libération
Critique

L'attraction de Saturne

Article réservé aux abonnés
Encensé puis trop vite délaissé, le chef du restaurant Saturne, Sven Chartier, préfère cuisiner plutôt que parler. Il laisse dire, préférant faire ce qu'il veut, mais à la perfection.
par
publié le 30 janvier 2012 à 16h43

Il se tait. A l’heure où la cuisine devient de plus en plus bavarde. A l’heure où les chefs expliquent et démontrent à longueur d’antenne et de colonnes–TV, radio et magazines les sollicitent comme jamais. Sven Chartier se tait. Au risque de déplaire, de ne pas s’attirer la sympathie des observateurs/mangeurs/bloggeurs devenus les nouveaux critiques.

Certains s'en énervent sur la toile, lui reprochant derrière son mutisme et son jusqu'au-boutisme culinaire–le produit et rien d'autre–l'absence d'identité réelle, de personnalité. Forcément, il ne dit rien mais ça le touche. Il ne comprend pas pourquoi une certaine incompréhension a pu naître ainsi avec un public venu comme un «blast» à l'ouverture de Saturne le 10 septembre 2010, et qui traîne depuis un peu les pieds, même si le succès ne se dément pas. Les bloggeurs se font plus rares, ont changé de rive ou de quartier, pour des cuisiniers aux angles moins à vif.

Mais Sven Chartier n'a rien appris de la com', de l'image et du marketing. Fils d'un proviseur et d'une instit' en hôpital, il a simplement, et depuis toujours, voulu faire la cuisine, rien que la cuisine. Pas en parler. Il faut sans doute aller chercher du côté de Biarritz les raisons de ce mutisme exigeant et pénible. Pendant son bac pro à l'école hôtelière, le jeune Sven va travailler chez Arnaud Daguin, talentueux «ours» hibernant à l'année aux Platanes. «C'était tout sauf un restaurant, plutôt une table de copains où le chef ne faisai