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Mike Kelley, stop et en gore

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Influence majeure de l’art contemporain, le performer et plasticien californien se serait suicidé mercredi à 57 ans.
publié le 3 février 2012 à 0h00
(mis à jour le 3 février 2012 à 10h52)

La mort de Mike Kelley, mercredi, à l'âge de 57 ans, résonne comme un coup de tonnerre dont on commence à peine à mesurer l'amplitude. Pour Paul Schimmel, le conservateur en chef du musée d'Art contemporain de Los Angeles (Moca), «Mike était le grand artiste de Los Angeles et l'un des plus importants plasticiens de notre époque. Il a bouleversé les règles du jeu pour toute une génération.»

Souvent réduit aux stéréotypes sur l'art «gore» ou trash, étiqueté «mauvais garçon de l'art contemporain» (notamment pour ses vidéos scatologiques avec Paul McCarthy), puisant autant dans la philosophie que la culture mainstream, Kelley fut parfois mécompris pour ses références complexes. Des critiques d'art le désignèrent comme l'initiateur d'un nouveau courant, l'art «de l'abjection», afin de mieux définir les animaux empaillés et autres scènes d'hystérie collectives balisant une œuvre déroutante qui a, depuis, fait école.

Marasme. Homme effacé, à l'humour acerbe, Kelley se tenait de plus en plus en retrait de sa célébrité grandissante. Et ne cachait pas une tendance à la dépression, ce qui accrédite parmi ses proches la thèse du suicide, même si la police n'a pas fini son enquête. Profondément autobiographique, l'œuvre de Kelley est à l'image de sa vie : protéiforme, radicale, extrême, poétique. Dans sa famille d'ouvriers catholiques ultracroyants de Detroit, «l'art était considéré comme l'apanage des homosexuels et des com