«C’est parti ! Une année de festivités à célébrer mon jubilé de diamant, mes soixante ans de règne. Une année à sourire, à arpenter mon royaume de long en large, à saluer les foules de mon célèbre, et ô combien parfaitement maîtrisé, mouvement de la main. C’est que l’art du salut régalien n’est pas donné à tout le monde. Il s’agit de lever le coude, le bras légèrement décollé du torse, et d’agiter uniquement le poignet, dans un mouvement gracieux d’essuie-glace. Je sais que certaines de mes consœurs (les reines du Danemark et de Suède notamment) tentent depuis des années de m’imiter. Mais tout ce qu’elles ont réussi à faire, c’est se déclencher de minables crises d’arthrose.
«Nous disions donc soixante ans de règne, sur quatre-vingt-cinq ans de vie, c'est vrai que ce n'est pas mal. D'autant que je ne m'y attendais pas ! J'aurais dû passer ma vie à danser, à m'enivrer de cocktails insensés sur des plages bordées de cocotiers. Ma sœur, Margaret, s'est bien amusée, elle. Bon, d'accord, elle a moins duré que moi, je l'ai enterrée en 2002. N'empêche, sans cette garce et séductrice de Wallis [Simpson, ndlr], mon oncle Edward VIII n'aurait jamais abdiqué en 1936, mon père ne serait pas devenu le roi George VI, et, moi, je ne serai pas reine depuis le 6 février 1952.
«Il y a soixante ans, aujourd'hui même, mon père est mort. Je l'aimais beaucoup, mon père, et c'est fou comme mes sujets - que dis-je, le monde entier ! - l'ont redécouvert à la faveur de ce fameux film, le Disc