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Libération
Critique

Petits jeux de cadavres entre amis

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Arts . Au Passage de Retz, les photos kitsch du couple Bachelot Caron repeignent les scènes de crime.
publié le 17 février 2012 à 0h00

Où l'on comprend que toute scène de crime est bien une scène, c'est-à-dire un fantasme, un compost de trouilles persos et sociétales. L'entité Bachelot Caron (à savoir Marjolaine Caron et Louis Bachelot, ex-costumière et scénographe de cinéma) photographie puis repeint des meurtres depuis des années. On connaît leurs illustrations principalement dans le Nouveau Détective, mais aussi dans le New Yorker ou Libération.

Carnages. Comme ils sont délicatement dérangés, ils se mettent en scène dans leurs carnages, avec leurs amis, proches, progéniture : ainsi, dans ce condensé de peurs sarkozées qu'est Welcome, où leur propre enfant blond apparaît faisant ses devoirs sous l'œil croque-mitaine de roms-rebeus et autres néoparias. Plus loin, c'est Marjolaine en Shining qui hurle contre une porte. Ou les deux, nus, s'égorgeant dans la rivière impressionniste de la Moisson.

Au fond de l'accrochage proposé par le Passage de Retz et intitulé «Délit d'initiés», un documentaire vidéo montre le couple en plein travail. Ils commencent par photographier leurs potes en cadavre (traînés dans un sac de couchage au fond du jardin nuitamment pour Janette, échoué sur la moquette du salon en leur versant de l'eau dessus pour Knock Out), puis scannent, découpent, recollent, peignent et passent à la palette graphique avant d'en faire des tirages numériques de grande taille, explosion kitsch et profonde à la gueule du