A force d'être un jeune compositeur prometteur de 30 ans, Bruno Mantovani a fini par en avoir 40. Il dirige depuis septembre 2010 le Conservatoire national de Paris, collabore régulièrement avec l'Opéra (Akhmatova, opéra, Siddharta, ballet pour Preljocaj). Cela ne lui ôte pas sa jouvence.
Jubilation dans l'écriture, sensualité des timbres, corps à corps (il a longtemps mis le «conflit» au centre de sa recherche esthétique), Mantovani a eu l'honneur d'être interprété par Boulez, avec qui il partage une sorte de perversité joyeuse à l'égard de celui qui l'écoute : attaques surprises, fomentation de fausses réminiscences, détournement d'attention, blagues post-sérielles. Les titres de certaines de ses pièces sonnent comique comme chez Satie, en forme de sottie : Art d'écho, l'Ere de rien, Eclair de lune…
On sait Bruno Mantovani de gauche (Libération du 8 septembre 2006). Il est rare de s'interroger sur la politique des sons, mais cette vision du monde s'entend en effet dans sa musique (1), qui bouscule d'évidence, ne prend rien pour naturel, et fixe.
Ce soir, Renaud Capuçon et Philippe Jordan créent en one-shot Jeux d'eaux, concerto pour violon, à la salle Pleyel. Au même programme figurera la Symphonie n°1 «Titan» de Mahler.
Le titre Jeux d'eaux ne ment pas. Dans sa note d'intention, Mantovani explique être parti de l'écoute attentive d'un torrent montagnard. Aucune crise romantique ne l'a fait saisir