Anciens combattants de 68, vous qui avez procréé dans la foulée en espérant que vos enfants auraient la chance, eux, de ne pas souffrir de l'éducation gaullienne catho-coincée contre laquelle vous vous êtes révoltés, allez voir le one-woman-show hilarant de Zazon et vous comprendrez. «Sous les pavés… les pavés», dit-elle en vous regardant droit dans les yeux. En me regardant droit dans les yeux… Et la plage ? Quelle plage ? Le sable a disparu, qu'on pensait trouver sous les pavés du Boul'Mich.
Zazon, la comédienne, est née Elisabeth Castro en 1976, d'un père, chef communiste aux Beaux-Arts puis maoïste (Vive la révolution) et d'une mère féministe révolutionnaire. Du lourd. Dans sa jeunesse, la mère intellectuelle avait été «établie» en milieu ouvrier comme c'était à la mode : femme de ménage, chauffeur-livreur… Le père architecte, lui, était plutôt «établi» au Flore, à Saint-Germain-des-Prés. Mais tout cela était déjà du passé quand Zazon est née. La droite était toujours au pouvoir, la «révolution» n'était plus que nostalgie archaïque, genre souvenirs de 14-18, frôlant le radotage. La guerre était finie. Sauf pour Zazon. Elle allait grandir dans les secousses sismiques d'après le tremblement de terre idéologique de Mai 68.
A 36 ans, l'actrice s'est fait une réputation de «fille gonflée» avec ses sketchs déjantés, ses vidéos et ses improvisations. Elle a d'abord produit ses propres vidéos sur le Web, puis pour France 4, Canal + où elle fut Zazon