Très vite, à «Vidéo vintage», une évidence vient. La vidéo, c’est fini, inregardable. D’ailleurs, une partie des films présentés ici est accessible en ligne sur différents sites internet, banals ou spécialisés (1). Mais personne ne les regarde. Ils sont là, aussi invisibles que disponibles. La patience est morte. Ce qui signifie aussi que nous ne sommes presque plus capables d’appliquer nos yeux au monde, que l’attention est une occupation vintage. Une majorité des œuvres de l’exposition ont été d’avant-garde ; elles sont désormais dépassées.
La première preuve est administrée en grand, sur le mur du fond de la seconde salle. Bill Viola : Reverse Television-Portraits of Viewers (1983-1984). Des regards caméra obtus, gens comme vous et moi assis sur des divans, dans des fauteuils, fixant l'objectif. Henry Geldzhaler de Warhol en plus court. C'est-à-dire qu'est représentée, au sein de l'exposition, notre propre activité de regardeur quand nous y sommes. Miroir, annulation : contrairement au cinéma, la vidéo permet de se voir pendant qu'on se filme. Et aussi d'observer que ces Portraits de Bill Viola ressemblent étrangement à tout ce qu'on peut voir aujourd'hui sur le Web 2.0 : des gens en train de regarder leur écran, sur YouTube, Xtube, Chatroulette, etc. Le mouvement s'est accéléré, il n'y a plus rien à voir que l'absorption du regard par lui-même.
Salon psychédélique. La seconde preuve, c'est que pour qu'on puisse enfin regarder san