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TRIBUNE

Les éditeurs français complices du piratage ?

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par Pierre Lemaitre
publié le 15 mars 2012 à 0h00

Les éditeurs français, dans leur majorité, ont décidé de boycotter le livre numérique. C'est du moins ce qu'affirme Calmann-Lévy, éditeur du groupe Hachette. Résumons et simplifions : un livre qui vaut 7 euros lorsqu'il passe au format de poche continue d'en valoir 15 ou 16 en version numérique. Persister à vendre un livre deux fois plus cher au format numérique qu'au format de poche, c'est du boycottage pur et simple. Calmann-Lévy me confirme d'ailleurs cette décision : «Bon nombre d'éditeurs hésitent à prendre des mesures qui risqueraient de fragiliser un marché du livre déjà chahuté par la crise.»

En attendant, aucune vente au format numérique, pour les auteurs, - qui, cela va sans dire, ne sont pas consultés - c'est 0% de droits. Le même résultat que le piratage. La raison de cette politique ? «Le papier représente 99% des ventes contre 1% pour le numérique.» Ça ne pèse rien. On connaît l'argument contre les évolutions technologiques, c'est le plus ancien. A ceci près qu'il est plus bête encore qu'hier car les mutations s'effectuent aujourd'hui à une vitesse sans commune mesure avec celles des siècles précédents et que la montée en puissance des liseuses et des tablettes numériques (pratiques, écologiques et de plus en plus performantes) est une réalité assez prévisible.

Cette mesure punitive des éditeurs vis-à-vis du numérique est contre-productive. Elle a pour conséquence évidente que les lecteurs, même les mieux intentionnés, se tournent vers les sites