Au petit prince en nous qui demande à l’artiste de lui dessiner un mouton - ou autre chose -, Sol LeWitt renvoyait la balle avec des idées de dessins à faire aux murs, instructions à l’appui. Il en avait beaucoup.
Parmi les 1 200 réalisés de son vivant, Béatrice Gross en a choisi 33 pour le centre Pompidou-Metz, qui propose d’ailleurs aux enfants un atelier d’initiation. Ce ne sont pas des dessins à bomber tout seul n’importe où. Mieux vaut s’y prendre à quatre ou cinq, munis de compas géants. Mais ils combinent des tracés définis avec la clarté, la simplicité de l’enfance de l’art : lignes droites, verticales et horizontales, obliques à 45 degrés et arcs de cercle, dont les points de départ sont situés par rapport aux côtés du mur. Carrés, cercles, triangles, rectangles et trapèzes, soit les figures élémentaires des jeux d’éveil pour tout-petits, mais privées de leurs couleurs vives, car ici le noir et le blanc règnent sur un vaste nuancier de gris.
Prodigue. Voilà qui paraît bien austère, vu de loin. Et puis, depuis trente ans, on en a rencontré dans tous les musées d'art contemporain du monde, des murs de LeWitt, le plus prodigue des fils de l'art minimal et des pères de l'art conceptuel. Dans cette famille longtemps hégémonique, nul n'a vu ses idées proliférer autant, fécondées par le bon génie de la combinatoire. On ne compte plus ses sculptures fondées sur le cube, «structures», blocs, tours. Pour s'en tenir aux surfaces, il a conçu aussi un grand nombre