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Critique

«Danton» culte

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Théâtre . Après l’avoir créée à l’Odéon en 2002, Georges Lavaudant remonte la pièce de Georg Büchner à Bobigny.
publié le 28 mars 2012 à 0h00

«C'est très souvent comme ça que ça se déclenche, une mise en scène : sur un corps d'acteur, une voix d'acteur, un possible d'acteur…» Ainsi s'exprime Georges Lavaudant dans un entretien avec Daniel Loayza, publié à l'occasion de la reprise à la MC93 de la Mort de Danton, dix ans après la création du spectacle à l'Odéon. Le metteur en scène précise qu'à l'époque, le choix de Patrick Pineau pour jouer Danton relevait de «l'évidence».

Exorcisme. C'est plus vrai que jamais aujourd'hui : Pineau a la voix et le corps pour. Acteur animal, il y a en lui du taureau chargeant la muleta, une puissance concentrée qui impressionne ; mais également du torero planté au sol, joyeusement impassible avant l'esquive ; et encore de l'Arlequin et du Gavroche, du merle moqueur. A côté de lui, Gilles Arbona en Robespierre est un Pierrot sévère, un austère aux lèvres minces, pur cérébral et solitaire professionnel. Ce couple théâtral donne le la d'un spectacle où, si les personnages sur scène ont à peu près le caractère que l'histoire leur prête, les acteurs qui les interprètent ne prennent jamais la pause : ni grandiloquence, ni souci de jouer aux héros, nul besoin de surjouer quand l'histoire est en surchauffe.

Sans peur et terrifié en dedans, Danton répète tout au long de la pièce, comme un exorcisme : «Ils n'oseront pas.» Comme si le champion de l'audace faisait semblant de ne pas comprendre. Des morts en sursis - ou des revenants -,