Anthony Egéa est un garçon droit et tenace. Il découvre le hip-hop en 1984 alors que cette forme de danse est en plein boum médiatique. Mais cela ne lui suffit pas. Il se lance dans le classique et suit une formation à l’Ecole supérieure Rosella Hightower de Cannes, puis au Dance Theater d’Alvin Ailey à New York. Il fonde à Bordeaux la compagnie Rêvolution en 1991. Depuis, il ne cesse de progresser. Son école académique et hip-hop est parmi les meilleures et l’on retrouve nombre de ses étudiants dans d’autres compagnies. Ses pièces s’enchaînent, pour sa formation Rêvolution, pour le Ballet national de Bordeaux ou pour le Beijing Dance Theater.
Rage, créé à Bordeaux et présenté au festival Hautes Tensions à la Grande Halle de la Villette (lire ci-contre), est un tout nouveau projet qui est né sur le continent africain. En 2009, Egéa tourne Soli dans six pays : Liberia, Mali, Gabon, Union des Comores, Congo et Burkina Faso. A chaque escale, il prend le temps d'animer des ateliers pour les danseurs locaux. De ce choc, naît progressivement l'idée de réunir un danseur de chaque pays pour une pièce commune. «Ce qui m'a sauté aux yeux, raconte-t-il, ce sont leurs fortes personnalités, la détermination, et la rage. Je me souviens de l'un d'entre eux qui m'a regardé droit dans les yeux en jetant sa serviette au sol. C'était d'une telle force que je devais faire quelque chose avec eux, même si une telle opération demande une sacrée logistique».