Menu
Libération
Critique

Comic trip avec Crumb

Article réservé aux abonnés
BD. Visite de la rétrospective du dessinateur obsédé en sa compagnie au musée d’Art moderne de Paris.
publié le 12 avril 2012 à 20h36

Se balader dans la rétrospective Crumb du MAM en compagnie de Robert Crumb, c'est comme visiter un muséum d'histoire naturelle avec un chasseur : le type s'intéresse beaucoup moins aux trophées accrochés aux murs (environ 600 planches de BD) qu'aux coups qu'il a tirés (indénombrables si l'on en croit son œuvre, généralement considérée comme autobiographique). Nous nous arrêtons devant le dessin original fait pour la pochette de Cheap Thrills, de Janis Joplin. «Un vieux truc. Regardez, les couleurs ont complètement passé. Je l'avais fait en une nuit, en 1968, parce que Janis me l'avait demandé et que je l'aimais bien. Mais pas ses chansons ! Bon, j'avais aussi besoin d'argent : ça m'a rapporté 600 dollars.» Tout cela dit sans nostalgie, mais avec un peu de lassitude : il a déjà tellement parlé de cette époque, et de la pochette qu'il n'a pas voulu faire pour les Rolling Stones parce qu'il n'aimait pas leur musique ni Mick Jagger, lequel tombait tellement plus de minettes que lui. Les goûts de Crumb, musicaux entre autres, l'ont scotché dans les années 20.

Cafard. Depuis, la maquette de Cheap Thrills, gardée par Columbia Records, a été vendue et revendue pour des sommes considérables. Les planches crumbiennes vont de 20 000 à 500 000 dollars (de 15 000 à 380 000 euros) selon leur intérêt historique. Il y a dans le monde une demi-douzaine de grands collectionneurs. C'est auprès d'eux que le commissaire de l'exposition, Sébastien Gokalp