Menu
Libération

Cloclo en VO

Article réservé aux abonnés
publié le 13 avril 2012 à 19h07

On dit depuis Sophocle qu'il faut attendre le dernier jour d'un homme pour savoir s'il a été heureux. Pourtant, cette phrase est très rarement prise à la lettre. Personne ne prétend que c'est le dernier jour qui compte pour faire une telle évaluation mais la trajectoire entière d'une vie. Ceux qui ne s'intéresseraient qu'à ce dernier jour seraient qualifiés non seulement de piètres interprètes mais peut-être aussi de sots ou de fous. Et ils seraient encore plus critiqués si de ce jour, ils ne cherchaient à examiner que la dernière minute pour savoir ce qu'a été la vie d'un homme. Pourtant, c'est ce pari aux allures insensées que fait Florent Emilio Siri dans Cloclo, la belle biographie qu'il consacre à Claude François. La narration de cette vie est dépliée à partir de son dernier épisode, le 11 mars 1978 : le fait, qui a causé sa mort, d'avoir touché une lampe branchée alors qu'il se trouvait dans sa douche.

Ce geste d'un homme de 39 ans à l'apogée de sa gloire ressemble plus à un suicide qu'à un hasard malheureux. Pourtant, ce n'en était pas un. On pourrait plutôt penser que quelque chose chez Claude François avait profité d'un moment propice pour assassiner Claude François sans que celui-ci s'en rende compte. Il fallait reconstituer la genèse et le développement de ce quelque chose d'assassin, de fourbe, de malhonnête. Or loin de se livrer à une analyse psychologique, Florent Emilio Siri met au centre de cette tragédie la chanson Comme d'habitude