Sortie de son contexte éditorial, cette photographie devrait nous poser de graves problèmes de géolocalisation. Où trouve-t-on ce genre de «chambre» de la perdition ? Des images de souterrains-squats dans la Roumanie des Ceausescu, de taudis au cœur des mégapoles africaines ravagées par la misère et la guerre civile, l’intérieur de bouges dans les bas-fonds des cités mafieuses de Medellín ou Bogotá reviennent assez naturellement en mémoire.
Mais c'est bien en France que nous sommes, Paris intra-muros, dans le Xe arrondissement de la Ville Lumière aux millions de touristes et à minimum 10 000 euros du mètre carré l'appart sympatoche «à rafraîchir». Le reportage lève le voile sur l'existence illégale et lamentable de Tunisiens sans papiers ayant quitté leur pays à la faveur du renversement du régime de Ben Ali.
Lionel Charrier, le photographe, raconte comment il a trouvé ce lieu : «Devant mon bureau, j'ai vu que le local désaffecté et condamné avait été ouvert. Il était squatté avec une pancarte sur la porte "Tunisie". J'avais suivi l'affaire de Calais, le démantèlement de Sangatte, j'ai l'habitude de rentrer en contact avec des gens en situation irrégulière et qui ne se laissent pas facilement photographier. J'ai découvert ces Tunisiens qui étaient prêts à me montrer l'endroit où ils dormaient, mais refusaient d'être à l'image, même de dos. Un seul a accepté. Ils m'ont montré les lieux, le dénuement, la dégradation. Ils se plaignent de leur sort et ils o