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Libération

«Sans opinion, votez pour moi»

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publié le 13 avril 2012 à 20h26

En redoutant que l'éventuelle élection de François Hollande déclenche la colère des marchés financiers, la droite invente un étrange moyen de lutter contre leur dictature. Elle conseille de voter pour ce qu'ils désirent, ainsi ce ne sera plus la dictature mais la démocratie des marchés. Elle semble avoir des alliés, cette dictature, il y a au moins un candidat dont elle n'a rien à craindre. «Quel aveu», a dit Marine Le Pen et, pour une fois, l'égérie des 18-24 ans a raison. Le fameux «vote utile», serait-ce celui qui apaise les marchés ?

Poussé à son terme, le vote utile consisterait juste à voter pour le gagnant. Et si on connaît le vote utile avant l'élection, plus besoin d'élection. Il y a en lui quelque chose de contradictoire à la compétition. Comme si on décidait que, au vu des résultats précédents, il n'y avait plus que Sébastien Loeb à avoir le droit de prendre le départ des rallyes, que Roland-Garros commencerait désormais avec la finale Nadal-Federer (et c'est Nadal qui gagne), qu'il n'y aurait plus que cinq coureurs dans le peloton du Tour de France. En plus des «sans opinion» des sondages, il y aurait ainsi les «sans opinion utile». Au demeurant, les sans opinion doivent humilier les grands candidats : «Ceux qui ont des opinions, OK, je comprends qu'ils ne votent pas pour moi. Mais les sans opinion ? Ma tête ne leur revient pas ?» Un candidat des sans opinion ferait un tabac. Pourquoi les sans opinion ne seraient-ils pas représentés à la