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Critique

Art numérique, la récupe est pleine

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Internet . A Bâle, en Suisse, l’exposition «Collect the WWWorld» met en perspective la réappropriation du flux par les plasticiens.
publié le 17 avril 2012 à 20h16

En pénétrant dans le cube blanc de la Maison des arts électroniques de Bâle qui accueille l'exposition «Collect the WWWorld», on est saisi d'une impression étrange. Comme si le Web s'était déversé dans l'espace physique. Que la gigantesque banque d'images numériques avait jailli de l'écran pour s'imprimer sur des cravates, serviettes et tee-shirts, se matérialiser dans des toiles, photographies, sculptures. Une tendance forte chez cette nouvelle génération d'artistes issus du Net, traduisant ce double mouvement à l'œuvre : un monde réel qui se numérise à grande vitesse en ligne, et un monde virtuel qui devient, lui, de plus en plus réel, pénétrant et façonnant notre vie et relations sociales.

Installée dans l'ancienne zone d'entrepôts de Dreispitz, «Collect The WWWorld» est une proposition de Domenico Quaranta, qui se penche sur «l'artiste comme archiviste à l'ère d'Internet». Le commissaire italien montre comment cette génération Internet développe une pratique amorcée dans les années 60 avec l'art conceptuel et poursuivie par l'art de l'appropriation et l'esthétique de la postproduction «consistant à explorer, collecter, archiver, manipuler et réutiliser d'énormes quantités de matériel visuel produit par la culture populaire et la publicité».

«Pro-surfers». Telle cette Pietà contemporaine de l'Américain Kevin Bewersdorf : l'image d'un homme portant à bout de bras un enfant endormi, imprimée sur