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Libération
TRIBUNE

Mort de Richard Descoings : la vie des autres

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par Olivier DUHAMEL et David KESSLER
publié le 17 avril 2012 à 19h06

«Toutes les explications du monde ne justifieront pas que l'on ait pu livrer aux chiens l'honneur d'un homme et finalement sa vie au prix d'un double manquement de ses accusateurs aux lois fondamentales de notre République, celles qui protègent la dignité et la liberté de chacun d'entre nous.»

Chacun se souvient de ces propos de François Mitterrand, tenus le 4 mai 1993, aux obsèques de Pierre Bérégovoy. Leur force, leur violence même firent réagir : comme souvent, la presse qui s’était sentie visée se défendit en levant le drapeau de la démocratie et de sa liberté d’enquêter. Pourtant François Mitterrand savait qu’il ferait naître chez les plus honnêtes des commentateurs quelques interrogations sur l’éthique de leur métier. Car chacun savait aussi que, si Pierre Bérégovoy avait pu être imprudent ou maladroit, ce fils d’ouvrier, tombé dans la politique, parvenu aux plus hautes fonctions de l’Etat, ne possédant ni fortune personnelle ni biens de valeur ne s’était pas acquis un modeste appartement au prix de la malhonnêteté.

Récemment, la machine médiatique et ses emballements nous ont rappelé que les chiens rodaient encore. Nous l’avions pressenti avec les révélations concernant Dominique Strauss-Kahn. Que les affaires privées du patron du FMI, dès lors qu’elles mettaient en cause son statut professionnel ou sa candidature à l’Elysée, méritent d’être traitées, c’est là une évidence. Que les comptes rendus d’auditions révélant le détail de ses comportements sexuels doive