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Libération
Critique

Paris et quelques minutes

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Du contrat de mariage de Molière au testament de Gustave Eiffel, les Archives nationales exposent une large sélection d’actes notariés.
publié le 19 avril 2012 à 19h56

Le 29 décembre 1471, un certain Simon Brion, laboureur à Paris (délicieux oxymore), loue un arpent de vigne à un certain Macé Pampare, maçon et laboureur à Suresnes. C’était l’heureuse époque où Paris était ceinturé de raisin et de vin. Mais là n’est pas l’essentiel : le point nodal de l’affaire, conclue devant notaire, est que les deux hommes ont attaché leurs noms à un bout de parchemin qui est aujourd’hui considéré comme le plus vieil acte notarié parisien.

Le précieux objet est abrité aux Archives nationales, parmi 20 kilomètres linéaires d’archives notariales publiques et privées. L’établissement vient d’en extraire une infime partie pour une exposition qui plonge le visiteur dans les petites et grandes affaires de la capitale, du contrat de mariage de Molière (avec Armande Béjart) jusqu’au testament de Gustave Eiffel.

«Live». Brion et Pampare n'étaient pas les premiers à recourir aux services d'un notaire, loin s'en faut : le notariat parisien remonte à l'époque de Saint-Louis. Mais les parchemins étaient très baladeurs à l'époque. Ça s'est beaucoup arrangé depuis. A tel point que, lorsqu'en 1932, voilà tout juste quatre-vingts ans, les Archives nationales ont hérité du Minutier central de Paris, c'est une masse énorme de papier qui a déferlé, évaluée désormais à 20 millions d'actes. Et le monstre continue de grossir. C'est actuellement le fonds de loin le plus consulté des Archives, car les minutes notariales sont le pain quotidien des historiens et des