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Libération
Critique

Deux toiles au crible

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publié le 24 avril 2012 à 21h16

Née en 1985, berlinoise d'adoption, Maël Nozahic, elle aussi, se réfère fortement à la tradition. Goya, Ensor et autres cauchemars grotesques. Dans la série des «Manèges», cet effrayant Ranch n° 2, de 2011 (ci-dessus) sur halos de forêt gothique (on y torture, on y meurt, forcément) sauf que les arbres représentés (bouleaux) ne correspondent pas à l'obscurité - il y a quelque chose de pourri dans ce réalisme. Rien ne se passera d'ailleurs ici, puisque les hyènes rieuses sont, comme leurs proies, fixées aux rails de cette étrange ronde nocturne, immobile et en mouvement, saisie dans l'instant académique (Course de chevaux à Epsom, de Géricault). Et puis l'enfance, terrible, là encore, avec un ranch hanté qui ne peut en aucun cas contenir réellement le circuit ni les dadas, semblable aux garages avec lesquels jouent, dit-on, les petits garçons.

Photo Maël Nozahic

Tout autant berlinisé, Damien Cadio, 37 ans, est provocateur d'épiphanies. Le sujet, en général plein, unique, crève l'obscurité. Tantôt affolant (déchirure, béance, sous forme d'œil, de bouche comme le Tiger Milk visible à Nantes, de trou indistinct qui attire et répugne par ses balafres), et tantôt affolé, comme le cheval (ci-dessus) - peinture historique peut-être, mais sans cavalier, donc en déroute - intitulé Stablemate (2011) mais dont une autre version s'appelle Chippendales Talk About Sunra, révélant ses origines roc