Sur la scène du chapiteau, des dizaines d'œufs entre lesquels sa silhouette nonchalante de 1,84 mètre slalome. C'est jour de répétition à Cherbourg, veille de sa carte blanche à Spring, festival des nouvelles formes de cirque. Son partenaire, Jean-Marie Maddeddu, lui fait faire des pas de deux entre les ovoïdes et l'apostrophe : «Jéjé, t'as encore gardé ta bague !» Son gros lapis-lazuli à la senestre, c'est la casse assurée.
Jérôme Thomas a l’apparence nonchalante de l’artiste qui a tout vu. Parlons œufs. Il douche aussitôt la néophyte qui s’imaginait un exploit. Manipuler cinq œufs sans les briser est un truc d’adolescent. Il y retâte, trente ans plus tard. Réitérera même ce soir à Dijon avec son compère Maddeddu.
A bientôt 50 ans, Jérôme Thomas appelle cette sorte de résurgence «une boucle». Son histoire se rappelle à lui, il veut courir devant. La performance aux œufs ne finira en omelette que s'il l'a lui-même décidé.
L'Angevin a été pris à 14 ans par le cirque. L'idée vient de sa mère très Fédération des œuvres laïques. Elle l'envoie se frotter une semaine à la Compagnie foraine de Miguel Demuynck, en escale à Avrillé (Maine-et-Loire). Plus tard, elle dira à tout le monde : «Mon fils faisait le cirque à l'école. Alors, je l'ai envoyé faire l'école du cirque.» Pas plus de déterminisme familial que cela, pas d'aïeul saltimbanque, un père footballeur professionnel, autre forme lointaine de jonglerie. Premières manipulations langue pendante, à courir