On ne boude pas son plaisir à les voir et revoir, eux, les danseuses et les danseurs du Tanztheater Wuppertal. Depuis qu’ils nous invitent dans les pièces de Pina Bausch, on ne se lasse pas de ces interprètes dotés de vraies gueules, qui plantent des personnages hauts en couleur et en malheur, sortis tout droit d’une fête qui aurait mal tourné. Du lien social, familial, ne subsistent souvent avec eux que des cortèges, presque funéraires, des solitudes maquillées à outrance en robes de soirée, des enfants perdus.
Endimanchés. En reprenant 1980, une pièce créée le 18 mai 1980 juste après le décès brutal du compagnon de Pina Bausch, le scénographe Rolf Borzik, la compagnie remonte une pièce charnière de la chorégraphe elle-même disparue en 2009. La pièce, plus que toute autre, est bien sûr un spectacle à part entière, mais aussi une méthode de construction, destinée à aboutir à un puzzle géant de trois heures et trente-cinq minutes. Monter 1980 pour célébrer des noces rances entre hommes et femmes. Faire aussi un spectacle démonté, frappé comme les êtres endimanchés que Pina Bausch met en scène et qui n'ont pas le droit de s'échapper, sauf pour aller servir le thé dans la salle.
Une seule belle idée pour la scénographie suffit à tenir le propos. Peter Pabst, qui signait là son premier décor pour la chorégraphe, transforme la scène en pré. Des morceaux de pelouse verte embaument la salle, verdissent à outrance le dance-floor. Le pique-nique peut