Pour mieux acérer le regard sur la danse, Aurélie Gandit, chorégraphe installée à Nancy avec sa compagnie La Brèche, a choisi la peinture. Son solo Histoires de peintures revisite des textes de l'historien d'art Daniel Arasse (1), qui n'oppose pas l'émotion à l'analyse - ses écrits sont dits en voix off enregistrée. C'est aussi, lorsqu'une interprète est sur scène, une manière de mieux percevoir la danse, ses enjeux, son espace, son environnement et son langage.
Sans afféterie. Danseuse noire sur fond blanc, Aurélie Gandit feint une pose sculpturale, brouille les lignes claires de la critique esthétique en s'ébouriffant, sort du cadre, force le détail d'une main, d'un doigt. La présence est simple, sans afféterie. On ne peut être distrait par un quelconque décor, un costume, une musique. Tout ici est concentré sur un corps qui s'empare avec délicatesse d'un texte, d'un autre.
A y bien écouter et regarder de plus près, on approche intimement de ce qu'on peut appeler l'écriture corporelle. Elle est dans le dessin et le dessein dans l'espace, dans une respiration, une grimace de gargouille, la couleur d'un mot. Aurélie Gandit devient la Danse de Matisse, juste en évoquant, toujours de noir vêtue, la couleur bleue via Arasse : «J'ai constaté que l'émotion pouvait venir de deux façons différentes. Premièrement, le choc, la surprise, qui ne se verbalisent pas. Par exemple, ce qui m'a bouleversé, dans l'esquisse pour la Danse d