Les Nuits sonores de Lyon vont bien, merci. Elles se sont élancées hier soir pour une dixième édition prometteuse, entre défrichage acéré et nourriture plus classique pour danseurs venant y oublier leurs soucis dans la nuit. Mais derrière cette vitrine, où en sont les musiques électroniques en France ? Sont-elles définitivement intégrées, dans un pays qui a mis un peu plus longtemps que ses voisins à adoucir son regard sur ce qui reste la dernière grande rupture musicale en date ?
«Il n'y a plus de combat, il n'y a plus qu'une légitimité», tranche d'emblée Vincent Carry, directeur des Nuits sonores qui, comme la plupart des acteurs du secteur, s'est accroché à la techno (le grand tronc commun né en 1981 d'où partent une majorité des styles nés depuis) à une tout autre époque. C'étaient les années 80 et 90, avec d'un côté des clubs urbains hédonistes et de l'autre les raves et les free parties nettement plus libertaires. Des cultures qui furent négligées par les grands médias, repoussées par les politiques puis combattues par des lois votées aussi bien par la droite (les années Pasqua) que la gauche (Chevènement, Vaillant).
Chars emplumés. «Ces années-là fonctionnaient sur une seule idée : techno = drogue, raconte Benjamin Souriau, qui les a traversées avec l'Heretik System, un groupe d'anarcho-frappadingues, à l'origine de certaines des plus mémorables sauteries électroniques de l'époque, dans des champs comme dans l'enceinte oubliée de la p