Vétéran de la scène electro française, Laurent Garnier a tout vécu et traversé, de l’émergence du mouvement à son intégration dans toutes les sphères artistiques. Installé dans le Lubéron depuis quelques années, il continue de se produire partout dans le monde.
Quel regard portez-vous sur les années 2000, en matière de musique électronique ?
Il y a plusieurs aspects. Déjà, la pop et toutes les musiques ont absorbé l'électronique pour l'intégrer dans des choses plus faciles et commerciales. C'est le genre qui a le plus d'influence aujourd'hui dans la musique populaire. Il y a dix ans, on aurait dit «beurk, c'est de la techno», mais la nouvelle génération n'a plus de problèmes avec ça. Elle mélange tout parce qu'elle a accès à toutes les musiques de toutes les époques en quelques clics. Ensuite, la scène française ne s'est jamais aussi bien portée et jamais aussi bien exportée, ce qui aide son image. A l'étranger, on n'a jamais autant parlé de la musique française qu'aujourd'hui.
Comment expliquer que cette scène française très dynamique soit finalement peu visible en France ?
C’est une vieille histoire. Il y a toujours eu un décalage entre la vision qu’ont les pays étrangers des artistes français et ce qui se passe chez nous. L’explication est facile : il y a combien de clubs dédiés à l’electro à Paris, qui est quand même une grande ville ? Pas beaucoup, il y en a quatre ou cinq, vraiment actifs… Quant à la province, le circuit est tout petit, les DJ ne jouent que dans une dizaine de villes. En Allemagne, en Grande-Bretagne, en Espagne ou au Portugal, c’est autre chose. Il y a, genre, 80 clubs qui se bougent à Londres, et la dernière fois qu’on a