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Interview

Turquie : «Nous avons besoin de la justice, celle des paroles de Brecht»

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Adepte de l’auteur allemand, le comédien engagé Genco Erkal déplore la politique culturelle du gouvernement :
publié le 28 mai 2012 à 20h06

Comédien célèbre en Turquie, Genco Erkal, 74 ans, a fait l'ouverture du Festival de théâtre d'Istanbul avec un spectacle sur des textes de Brecht, Nâzim Hikmet et Aziz Nesin, et a créé cette année une pièce cabaret, I'm Bertolt Brecht. Figure de l'artiste engagé, il a joué plusieurs fois en France, notamment à Avignon dans le Nuage amoureux sur une mise en scène de Mehmet Ulusoy.

Pourquoi toujours Brecht ?

Comment une compagnie de théâtre politique peut-elle jouer longtemps sans le convoquer ? Depuis mes débuts, je pratique un théâtre engagé et j'ai adapté plusieurs de ses pièces, comme la Vie de Galilée, Maître Puntila et son valet Matti et le Cercle de craie caucasien. Vous sentez, à la réaction des spectateurs, comment il reste vivant ici. En France et en Europe, il paraît sans doute daté. Chez nous, ses textes continuent d'avoir un sens.

Les textes de la dernière partie de I’m Bertolt Brecht, qui portent sur la guerre, ont été écrits pour la Seconde Guerre mondiale…

Mais ils restent très actuels ici, car nous vivons dans une géographie cernée par le danger - la Syrie, par exemple -, dans un pays où nous sommes aussi en guerre entre nous. La justice, c’est pareil. Beaucoup d’intellectuels, de journalistes, d’écrivains sont en prison depuis des années, dans l’attente d’être jugés. Nous avons besoin de la justice, celle des paroles de Brecht.

Comment voyez-vous l’évolution du théâtre en Turquie ?

Dernier problème en date : le gouvernement ne veut plus subventionner les théâtres. Ou alors, ne financer que ceux qui lui plaisent. Si elle est appliquée, cette mesure sera une catastrophe. Elle signifierait la mort du théâtre en Turquie. Les théâtres indép