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Critique

A bord d’«Uraniborg»

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Art . Le plasticien Laurent Grasso propose, au Jeu de paume à Paris, un voyage dans les mondes parallèles qui hantent le réel.
publié le 5 juin 2012 à 21h46

Un parc abandonné, avec des monstres taillés à même la roche (la bouche de l’un d’eux ouvre dit-on sur les enfers), une friche fantasque visitée par Dalí, Brassaï ou Antonioni, et qui fut créée vers 1550. Une voix off donne des informations fragmentaires, dans un désordre chronologique qui reconstruit un autre temps, amniotique, oublié.

Ouvertures. C'est à peu près l'une des premières vidéos visibles (Bomarzo, 2011) - si début et fin ont ici un sens - dans le labyrinthe d'«Uraniborg», long trajet désorientant installé par Laurent Grasso dans l'espace du Jeu de paume, à Paris. Couloirs sombres et longilignes balisés de fenêtres ouvrant sur des chambres impénétrables ou des salles de projection, dont l'envers nous apparaît sur le parcours, mais couloirs toujours coudés où quelque chose attend perpétuellement.

Il y a cinq modules et un livret qui égrène, en spirale, les numéros des œuvres. Le troisième donne son titre à l'ensemble : Uraniborg (2012). On passe d'abord devant deux ouvertures où, glissant la tête, on aperçoit au mur deux Rétroprojections de 2007, encres argentées de grand format, réalisées à partir de planches de l'Astronomie populaire (1879) de Camille Flammarion. Plus proches du regardeur, deux livres de la première moitié du XVIIe siècle : l'un avec des cartes des cratères lunaires, le second présentant un détail du château d'Uraniborg. De l'autre côté de l'allée, un autre couloir nous happe à l'aide