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Libération

Du papier, faisons tablette rase

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Revue . «Débat» consacre un numéro à la littérature numérique à travers l’expérience d’acteurs du secteur.
publié le 5 juin 2012 à 20h46

«Comme tout le monde, depuis bientôt trente ans, je lis un peu plus sur écran chaque année, et un peu moins sur papier.» Première phrase, simple constat d'Antoine Compagnon, du Collège de France, dans son article de la revue le Débat sur «Le livre, le numérique» (1). Loin de l'interminable polémique entre les fidèles du papier et les praticiens du numérique, entre la mort du premier et l'inanité du second, il parle de sa propre expérience. C'est magique, oui, de découvrir l'application iPad de On the Road qui donne, en plus du texte, les brouillons, les itinéraires interactifs des voyages de Kerouac, ses croquis, etc. Mais en permettant toute la documentation possible, le numérique ne va-t-il pas mettre au chômage «l'imagination grâce à laquelle nous donnions de la réalité à la fiction, grâce à laquelle nous nous représentions Manon quand l'abbé Prévost se contentait d'écrire qu'elle avait "l'air de l'amour même"» ?

Ce dossier complet montre que les spéculations continuent de plus belle sur l'avenir de l'imprimé et de son industrie. Et c'est justifié, puisque le livre numérique progresse - à 10% du marché aux Etats-Unis, contre 1% en France -, signe d'un passage d'une économie du nombre à une économie de l'accès. «Tout ce remue-ménage soulève quatre questions : la place des libraires, les formes du livre, le rôle des éditeurs, la relation à la lecture», avance Erik Orsenna, auteur du récent Sur la route du papier (Stock).

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