«Je hais toutes les fêtes où l'on psalmodie, toutes les fêtes où l'on prie.» Le petit homme qui abjure la religion musulmane en cinq langues remplit l'espace de sa gestuelle souple et nerveuse. Deux arbres, une poterie, une odeur de menthe fraîche qui flotte : Abel Aboualiten a conçu son monologue pour une scène dépouillée, qui laisse de la place au texte d'un spectacle «à 70-80% autobiographique». En partant d'une phrase sentencieuse lâchée par son fils pendant une pause-déjeuner, le comédien-acrobate-mime remonte jusqu'à son enfance marocaine exorciser ses traumatismes.
Sautillant, Aboualiten déroule le récit sanglant de sa circoncision, entrecoupé par un grand cri muet. Dans ses souvenirs, l'Aïd de Tétouan (nord du Maroc), seul jour de l'année où sa mère n'est pas battue, prend des allures de tableau infernal et absurde. Burlesque quand il se transforme en bébé, en petit garçon, en animal, l'artiste manie aussi bien le cynisme et déploie une voix puissante lorsqu'il imite brusquement le chant du muezzin ou les youyous. Aboualiten le tourbillon raille l'obscurantisme, les pèlerinages qui font redevenir plus blanc que blanc («La Mecque, c'est impec»). Se plaint qu'il n'y ait «que des prophètes mâles sur le marché». Un pamphlet qui va d'anecdote en blasphème pour tourner la contrainte sociale en ridicule. Avec ses amis d'enfance musulmans, Abel Aboualiten n'a pas trouvé plus efficace qu'un match Real-Barça pour mettre fin aux discussions mé