Né à Tétouan de parents berbères, imprégné d'une culture maroco-espagnole, Abel Aboualiten arrive en France pour y intégrer l'école d'Annie Fratellini, puis l'école de mime de Marcel Marceau. Il crée avec Philippe Minella la compagnie le Théâtre nu et remplace un des comédiens de Peter Brook lors d'une tournée européenne de la pièce l'Os (de Birago Diop). Je suis un prophète, c'est mon fils qui l'a dit ! est son premier spectacle solo (lire ci-contre).
Qu’est-ce qui vous a amené à vous détacher de la religion musulmane ?
Ça a été très progressif, parce que cette religion est une identité. Pour vraiment connaître l'islam, il faut aller à l'école. mais au Maroc, tout le monde est musulman dès la naissance - c'est encore inscrit dans la loi. On m'a mis dans une école coranique à l'âge de 4 ans, j'apprenais par cœur sans rien comprendre à ce que je lisais ou j'écrivais. Je me suis rendu compte que mes parents étaient tous deux analphabètes, que ma mère ânonnait ses prières. Depuis que j'ai déclaré que je ne croyais pas, beaucoup de proches m'ont dit : «Ce sont les Européens qui t'ont cassé la tête !» Alors que j'avais commencé ce cheminement très tôt… Quand je voyais ma mère prier pendant que mon père la battait.
Que pensez-vous de l’utilisation politique de la laïcité ?
Quand je suis arrivé en France, à 22 ans, c'était pour moi un vent de liberté extraordinaire. Ce n'est pas donné à tout le monde de pouvoir croire ou pas. Evidemment, je suis très triste que ce thème soit instrumentalisé par l'extrême droite. Il faut la défendre, la laïcité, mais aussi ne pas avoir peur d