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Libération
Critique

«Baron Samedi» sous les bonnes Latitudes

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A Lille, la dernière création d’Alain Buffard repose la question de la décolonisation des esprits.
publié le 11 juin 2012 à 22h06

Latitudes contemporaines s'étend pour sa 10e édition sur le territoire de la métropole lilloise, la région et Bruxelles. Consacrée aux formes émergentes, engagée auprès d'artistes internationaux qui n'hésitent pas à placer le propos politique au cœur de leur réflexion esthétique, la manifestation accueille, à l'Opéra de Lille ou à la maison Folie Wazemmes, des spectacles qui font écho aux journées de rencontres professionnelles sur le thème «Arts et démocratie, culture et cohésion sociale».

Parmi eux, la récente création d'Alain Buffard, Baron Samedi, vue au théâtre de Nîmes où le chorégraphe est en résidence. En choisissant une distribution où la couleur de peau dominante est le noir, Alain Buffard parvient à reposer la question, toujours nécessaire, de la décolonisation des esprits. Pour ce faire, il a choisi la musique de Kurt Weill, classée dégénérée par le pouvoir nazi dont les sbires brûlèrent certaines de ses partitions.

Vaudoues. Ce n'est pas la première fois que le chorégraphe se glisse du côté de l'opéra dansé. Il l'avait fait déjà avec talent dans (Not) a Love Song, dérisoirement très chic, très snob. Avec Baron Samedi, qui rend hommage à la figure carnavalesque inquiétante du maître de cérémonies vaudoues, il fait cause commune avec les personnages des bas-fonds qu'affectionnait le compositeur, et leur donne une brillance à nulle autre pareille.

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