Samedi
Mal à la vie
Le nœud qui étrangle la Syrie se resserre d’un cran chaque jour. A chaque cran, les vies tombent par centaines aux pieds de cette machine sans âme que l’on appelle «le monde». L’étrangleur, c’est le régime bien sûr. Mais pas seulement. C’est aussi le bon à tirer d’un demi-siècle avarié. C’est une hydre. Un animal à cent têtes. On abattrait l’une, qu’une deuxième, une dixième, surgiraient aussitôt. L’ignoble pouvoir en place a tout fait pour piéger les issues. Il n’en reste pas moins que le mal n’a pas l’âge qu’on lui donne. Il a un passé. C’est un monstre accouché par des décennies de sinistre gestion du Moyen-Orient. Il faut n’avoir rien vu, rien vécu, pour ne pas savoir que les puissances mondiales et régionales y ont accepté, favorisé l’inacceptable, au nom d’«intérêts stratégiques» que le discours des «droits de l’homme» n’a que trop souvent servi à masquer. Le Syrien Hafez el-Assad n’était-il pas loué, donné en exemple d’intelligence politique par celui qui avait réputation d’en être le champion : l’Américain Henry Kissinger ? Lorsque le premier ordonna la boucherie de Hama, en février 1982, le pays du second ne s’est-il pas empressé de tourner discrètement la page ? Etrange coïncidence du calendrier : au cours du même mois de la même année, un rapport issu des Affaires étrangères israéliennes, signé Oded Yinon, prônait le démembrement des pays voisins, Irak, Liban, Syrie, en autant d’ethnies, de communautés. Cette logique du morcellement n’a-t-elle pas triomphé dans le