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Libération

Diable à lunettes

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publié le 22 juin 2012 à 19h07

Rien que le nom, déjà. Julian Assange. Comment les Anglo-Saxons l’entendent-ils ? Un ange-cul ? Un âne-ange ? Ange du cul ? En français, ce n’est pas mal non plus : ange assis, sage comme un ange, eu égard à cette blondeur australienne proche de l’albinos. Un vrai nom de victime. En Suède, Assange est accusé de viol par deux femmes pour lesquelles son patronyme ne rappelle sûrement rien du nusvenska.

On ne reconnaît jamais Julian Assange sur les photos. Homme ou femme, jeune ou vieux, il est très difficile au premier coup d’œil de savoir à quoi l’on a affaire. Sans doute un indice de diablerie : le seul homme capable de passer de play-boy à lesbienne bio quadragénaire. Ici c’est un enfant à bonne tête ronde (sur d’autres clichés il est plus anguleux), sauf quelques plis dans le cou, des lourdeurs au menton et au coin des yeux, mais sans doute la lumière rasante accentue-t-elle ces effets de l’âge. A moins qu’il ne s’agisse d’un visage en cavale retravaillé par la chirurgie esthétique à coups de graisse injectée entre les os, donnant à ce portrait une courbure presque féminine.

Julian Assange est d’autant plus enfant qu’il est au piquet, en bas à gauche de l’image, écrasé par l’obscurité qui l’entoure, en plongée comme quelqu’un qu’on considère de haut. Mais ce n’est pas nous qui surplombons le futur citoyen équatorien. Son juge est en haut à droite et il émet une lumière étrange. A priori, ce doit être une divinité, suspendue au plafonnier. Assange la regarde d’un œil mi-pliss